Pratiques agricoles et biodiversité du sol


Modes de gestion agricole et influences sur la biodiversité du sol
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                 Pratiques agricoles et biodiversité du sol
Certaines pratiques agricoles - trop intensives ou peu respectueuses de l'environnement - peuvent être responsables de la dégradation du sol et de la perte de sa biodiversité. Des labours fréquents et notamment des labours profonds, l'usage intensif d'engrais et de pesticides, la dessiccation, les inondations, les incendies... perturbent les organismes du sol (macrofaune, mésofaune, microorganismes), réduisent le stock de matière organique (principale source d'énergie pour les habitants du sol) et bouleversent la structure, l'aération, la compacité, la texture, le pH ou la composition du sol, modifiant ainsi son fonctionnement.
D'autres pratiques agricoles, au contraire, permettent de maintenir, voire de restaurer, la biodiversité du sol. Ce type d'agriculture prône l'utilisation des propriétés naturelles du sol pour en améliorer le rendement et propose de travailler la terre sans la dégrader : ne pas enterrer le fumier, éviter les labours ou bien labourer à faible profondeur, ne pas utiliser d'appareils lourds, éviter de laisser le sol à nu, apporter de la matière organique, etc. L'agriculture biologique respecte en grande partie ces règles. Bien qu'encore minoritaire dans nos campagnes, elle ne cesse de s'étendre (le Grenelle de l'environnement a fixé l'objectif de 20% de la surface agricole utile (SAU) en agriculture biologique en 2020 contre 6% à l'heure actuelle). Par ailleurs, signalons que l'agriculture biologique parvient à être rentable tout en respectant la biodiversité du sol.
Voici quelques illustrations de modes de gestion agricole et leurs conséquences sur la biodiversité du sol :
Lutte contre parasites, prédateurs et mauvaises herbes
Les produits phytosanitaires (pesticides, herbicides) utilisés en trop forte quantité sont susceptibles de contaminer l'environnement et d'être toxiques pour la faune et la flore du sol. Leur application peut provoquer des changements importants dans la composition biologique des sols et leurs fonctions, en conduisant par exemple à la disparition de certaines espèces sensibles et à la prolifération d'autres organismes adaptés.
Des méthodes alternatives existent. Dans la lutte contre les parasites, des prédateurs naturels ou des préparations à base de plantes et de minéraux naturels remplacent parfois les pesticides et limitent ainsi la pollution des sols et des sources d'eau, tout en ayant un moindre impact sur la diversité biologique du sol. Par ailleurs, le maintien de la biodiversité des sols favorise également la concurrence entre les espèces ce qui limite et parfois contrôle l'extension des parasites et des ravageurs.
La méthode de faux semis (méthode qui consiste à préparer le sol sans semer et ainsi laisser pousser les mauvaises herbes, puis les arracher pour diminuer la quantité de graines dans le sol) est également efficace pour débarrasser une terre des adventices.
Le choix et la rotation des cultures
Les cultures sont plus ou moins gourmandes en eau et en nutriments. Une rotation des cultures permet de faire varier cette demande et ainsi d'éviter certaines carences en minéraux dans le sol. De plus, la culture de légumineuses (famille comprenant notamment les pois, les haricots, le trèfle ou la luzerne), plantes capables de fixer et transformer l'azote de l'air grâce à des bactéries spécifiques (les Rhizobia) qu'elles abritent, permet d'augmenter naturellement le taux d'azote dans le sol sans avoir besoin d'utiliser d'engrais azotés.

Il est également conseillé de mettre de temps en temps les sols agricoles cultivés en jachère - c'est-à-dire laisser la terre au repos. En effet, le rôle des jachères dans la restauration de la fertilité des sols ou le maintien de la biodiversité végétale et animale est bien connu. Ces pratiques présentent plusieurs avantages : elles enrichissent le sol en matière organique par la décomposition des plantes de surface, diminuent le lessivage des nitrates vers les nappes d'eau souterraines et les cours d'eau (par absorption par les végétaux) et perturbent parfois le cycle de vie de certains ravageurs, tels que les nématodes (cas par exemple de la phacélie).
Il est recommandé d'éviter de laisser le sol à nu car il devient alors plus sensible à l'érosion par le vent et l'eau. La biodiversité d'un sol nu est plus pauvre que celle d'un sol planté : les bactéries du sol sont par exemple 20 à 10 000 fois plus nombreuses dans un sol planté que dans un sol nu. De même, la survie des vers de terre est plus difficile lorsque les sols sont mis à nu ou que la monoculture est pratiquée. Dans ce cas, il faut environ trois ans de prairie pour qu'une communauté de vers de terre se reforme naturellement.
Fertilisation du sol
Lorsque les sols présentent des carences, ils sont souvent enrichis grâce à l'utilisation d'engrais. Mais ces produits chimiques peuvent avoir d'importants impacts sur la pollution des cours d'eau et des nappes souterraines quand ils sont utilisés de manière excessive et récurrente et modifier durablement les sols, agissant notamment sur leur biodiversité. En effet, la fertilisation minérale, à base d'engrais chimique, va sélectionner dans le sol certaines activités ou espèces exploitant les minéraux apportés au détriment d'autres organismes.
D'autres pratiques existent pour enrichir le sol. L'utilisation des légumineuses (haricots, petits pois, trèfle, luzerne etc.), source naturelle d'azote, permet d'éviter l'apport d'engrais azotés. De plus, les pratiques culturales influencent la biodiversité par leur plus ou moins grande capacité à mettre du carbone à disposition des organismes du sol. Ainsi, les apports directs de matières organiques (restitution des résidus de récolte, production d'exsudats racinaires - substances produites et sécrétées par les racines d'une plante - dans les prairies, apports de matières organiques exogènes) favorisent la croissance, l'activité et la diversité des organismes du sol.
La fertilisation organique qui utilise des matières organiques compostées, des sous-produits d'élevage ou des préparations à base de végétaux ou de microorganismes favorise la biodiversité des sols. Elle est utilisée par différents types d'agriculture, dont l'agriculture biologique.
Présence de haies et bocages
Les haies qui entourent les champs et prairies participent au maintien d'une forte concentration en matière organique des sols, principale source d'énergie pour les organismes du sol. Elles assurent l'entretien de la qualité du sol et de sa biodiversité en recyclant en permanence la matière organique. Détruire les bocages appauvrit donc le sol, en réduisant le stock de ces matières organiques et en l'exposant à une plus forte érosion par l'eau et par le vent.
Une agriculture... avec ou sans labour ?
Le labour profond est néfaste pour la biodiversité du sol. Bien qu'il favorise l'activité biologique vers la surface par une redistribution des résidus de culture et une aération du sol, il entraîne une exposition à l'air libre de la matière organique (principale source d'énergie pour les organismes du sol) et sa minéralisation intense qui conduit à une forte diminution des ressources trophiques pour les autres organismes du sol. Le labour profond modifie donc la structure et la qualité du sol, il détruit des lieux de vie de la faune du sol conduisant à une diminution de la densité de certaines espèces - en particulier des vers de terre - et modifie la distribution spatiale des éléments nutritifs. Il blesse les animaux et les expose aux rayons du soleil et aux prédateurs. Par exemple, le retournement d'une prairie peut conduire en seulement quelques années à une chute brutale de la population de vers de terre, en particulier ceux qui vivent dans la couche superficielle du sol. 
Sur des sols sensibles (limoneux par exemple), le labour peut provoquer la formation d'une semelle de labour, couche de terre très dense et imperméable sous le niveau du sol qui empêche l'infiltration de l'eau, la pénétration des racines en profondeur et la libre circulation des organismes.
Il est possible de définir des systèmes de culture alternatifs au labour tels que le travail superficiel ou le non travail du sol et l'introduction d'une prairie temporaire dans la rotation. Dans ces modes de gestion, la biomasse microbienne, fongique et de vers de terre est plus importante que dans le cas de cultures avec labour profond. Par exemple, un travail superficiel ou la suppression du travail du sol favorise le développement des gros vers de terre (dits anéciques), jusqu'à parfois atteindre des niveaux de population similaires à ceux observés dans une prairie(1).
Prairies et champs cultivés...
Les prairies couvrent en Europe environ 20% des surfaces continentales, mais sont en déclin progressif depuis 25 ans du fait de leur mise en culture ou de leur abandon (retour à la friche ou à la forêt). Quand elles laissent place aux champs cultivés, le sol s'appauvrit en matière organique car il reçoit moins de résidus végétaux. En effet, la récolte laisse peu de débris végétaux dans le sol, contrairement aux prairies où la fauche est limitée et où les plantes se décomposent en restituant de la matière organique qui alimente le sol. 
Le changement d'usage des sols (ex : conversion de prairies en cultures, de forêts en cultures) entraîne inévitablement une modification de la diversité biologique. Le défi pour l'agriculteur est alors de gérer son sol afin d'obtenir un nouvel optimum de biodiversité en utilisant des pratiques adaptées (ex : réduction du labour, fumures organiques).

Sur les systèmes pâturés, les élevages trop intensifs ne sont pas favorables à la qualité et à la biodiversité du sol. Ils peuvent entraîner une compaction des sols et une surconsommation de la flore dans les prairies qui n'a pas le temps de se renouveler et disparaît peu à peu (souvent en laissant à la place des espèces résistantes comme les ronces et les chardons), sans se transformer en matière organique. L'apport d'engrais peut compenser les pertes provoquées par le surpâturage, mais il entraîne alors d'autres inconvénients, tels que la pollution possible de l'eau et une modification durable des équilibres biologiques des sols (ex : sélection d'espèces adaptées à l'utilisation de l'azote).
Le compactage du sol
L'utilisation de machines agricoles lourdes et puissantes augmente la compaction des sols. Celle-ci affecte les organismes du sol, gêne les déplacements des organismes et la progression des racines et limite la disponibilité des ressources trophiques et le volume de sol habitable. En outre, la compaction limite la diffusion de l'oxygène dans le sol, indispensable au développement des organismes du sol.

Commentaires

  1. Tenu compte de tous ces paramètres la, dans un temps très recourt nous aurons une Haiti productrice.
    Merci mon cher pour le texte!

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